Après 30 ans de voiture, le permis moto, ça se passe comment ?

Depuis quelque temps, nous vous faisons vivre nos expériences d’essais automobiles. Et puis un jour, on se dit, pourquoi pas envisager la moto. Mais le deux-roues à boîte de vitesses, avec tout ce que cela implique sur la route, tous les jours, est-ce vraiment fait pour nous. Voici le récit de cette expérience vue par un pro de la « caisse » à quatre roues qui se lance dans cette aventure.

18/09/2024
6 minutes

« Bonjour ! J'aimerais savoir comment on passe son permis A… » A pour permis moto grosses cylindrées. Ce A que l'on obtient après 2 ans d'expérience après l'obtention du permis A2, limité à des puissances déjà bien correctes mais soit ! Il faut passer par là, c'est du permis A2 dont il est ici question. Donc, ça c'est moi qui, après avoir pris quelques renseignements auprès de confrères journalistes (moto pour le coup), décide d'appeler l'une des moto-écoles réputée très performante sur la formation*. D'autres le sont aussi mais celle-ci m'arrange niveau proximité… Bref, j'y vais. Je tombe sur une personne, Gabrielle, qui gère le circuit de Meudon, qui m'explique tout et qui prend le temps nécessaire pour cela. 

Quand on a connu le passage du Code de la route avec le fameux « Perfotest », on se rend très vite compte que le code aujourd'hui, c'est complètement différent. L'inscription aux examens aussi. Direction le site ants.gouv.fr pour remplir une demande. On passe d'abord dans un photomaton agréé, pour faire des photos d'identité numériques (on essaie de ne pas sourire, c'est obligatoire). Elles s'impriment au bout de 2 minutes avec un numéro que l'on renseigne sur le site ants.gouv.fr. On téléverse une pièce d'identité, un justificatif de domicile et le tour est joué, on est inscrit (cela m'a pris environ 5 minutes). La confirmation de l'inscription se fait en quelques jours à peine. Après, c'est le moment de s'essayer au code. Mais attention, le code MOTO ! Depuis quelques années, ce n'est plus le même que celui de la voiture. Celui pour moto évite les questions que l'on vous posait à l'époque du passage du fameux « plateau ».

Le code moto

Votre moto-école vous inscrit sur une application, Kopilote, qui fonctionne sur votre smartphone. Et oui, plus besoin de se déplacer pour suivre des cours sur le Code de la route. Et là croyez-moi, ça change pas mal. Plus besoin d'un bouquin soporifique, on fait des tests avec photos, vidéos et on apprend sur son téléphone, c'est-à-dire n'importe où et à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Le code moto, c'est 40 questions dédiées aussi bien à la sécurité, au comportement, à la route et à l'écologie, le tout focalisé sur la moto. Votre score doit être au minium de 35/40, sinon… vous essayez encore. Soyons clairs, vous avez votre permis B depuis 30 ans, vous devrez bosser ! Cela prend quelques jours seulement, de manière très ludique en plus. Puis vient le moment de s'inscrire dans un centre examen au code. La Poste en fait partie. Le côté pratique, est que l'on peut le passer partout en France, peu importe son lieu de résidence. Selon la commune, on peut obtenir une place du jour au lendemain et cela coûte 30 euros (c'était 200 francs en 1993, preuve que l'inflation galopante ne s'applique pas partout). On me remet une tablette, cela dure 30 minutes et on m'envoie les résultats par mail le lendemain : avis favorable (ok, j'ai douté sur 4 questions pour finalement faire 3 fautes, mais peu importe, ça y est, je l'ai !).

Le plateau

Après, forcément « un peu » fier de moi, j'envoie mes résultats à la moto-école. Au préalable, j'avais pris date pour une formation intensive de 30 heures réparties sur 5 jours seulement. J'arrive un peu avant 9 h du matin sur le circuit Jean-Pierre Beltoise à Trappes (grand pilote automobile à qui l'on doit notamment l'école Conduire Juste qui malheureusement s'en est allé avec lui). C'est le moment de travailler sur le « plateau ». Il s'agit d'un parcours à effectuer durant quelques minutes à peine sur une piste de 6 mètres de largeur pour 130 mètres de longueur. Au cours de cette épreuve, on me demande de savoir évoluer à basse allure, freiner en urgence, éviter un obstacle, faire demi-tour dans un rayon de 6 mètres, le but étant bien entendu de ne plus avoir le moindre secret sur le maniement de sa machine. Nous sommes le premier jour et le parcours semble vite insurmontable, mais je ne suis pas seul car l'équipe de formateurs du team Easy Monneret, c'est vraiment du solide. Je suis face à des professionnels qui ont souvent un beau parcours en compétition moto. Leur objectif, vous rendre responsables, prévoyants, prudents et, aussi, partager leur grande passion et leur expérience à moto. 

Durant près de 4 jours, nous allons travailler sur ce fameux plateau avec toujours la même finalité : ce qui paraît insurmontable initialement devient facile et évident à l'arrivée. Alors je vais être franc, des loupés, j'en ai fait 2 ou 3, faisant tomber ma Suzuki 650 SV à l'arrêt pour perte d'équilibre. Je n'ai pas eu mal et la moto non plus. Honte, un peu plus, mais ça fait partie du jeu. Cette moto bénéficie d'un cadre renforcé évitant de l'abîmer et de s'abîmer soi-même. Bref, à l'issue de ces quelques jours, je révise dans ma tête le parcours type du plateau (on trouve des vidéos complètes sur Youtube) et je me lance pour un examen blanc. Dans ce cas, mon moniteur, avec lequel je m'entendais pourtant très bien, change totalement de posture et me met à 100 % dans les conditions du passage de l'examen final qui m'attend. Il devient alors examinateur « blanc ». Déplacement de la moto sans l'aide du moteur sur quelques mètres, épreuve lente chronométrée, je dois passer 3 portes mais sans être sous la barre des 16 secondes (dans ce cas-là, croyez-moi, le temps paraît vraiment très long), évitement à basse vitesse, demi-tour dans une zone réduite, freinage d'urgence à 50 km/h, parcours lent avec un passager, puis slalom à 45 km/h pour finir par un évitement à la même vitesse. Tout cela paraît assez compliqué, mais en travaillant un peu, on finit rapidement par réussir cet examen blanc. Car le principe pour cette moto-école est que l'on n'envoie pas de candidats aux examens sans que le formateur ait validé son niveau.

La route

Nous sommes dans l'après-midi du 4e jour. Le moniteur me briefe sur la circulation, les règles essentielles, surtout pour ceux et celles qui n'ont jamais pratiqué ou roulé avec un tel véhicule. Après ça, c'est le moment de prendre la route, vers la vallée de Chevreuse (routes où nous avons l'habitude d'essayer nos voitures justement). Et là, on ressent une sorte de grande liberté. Car en deux-roues, par une belle journée d'été, on apprécie la route et son environnement beaucoup plus qu'en voiture. Bref, à moto, on fait corps avec la machine, on regarde partout autour de soi, c'est obligatoire pour éviter les surprises. Derrière moi, le formateur est dans sa voiture pour m'indiquer les changements de direction et surtout me donner des indications sur mon comportement et mon placement dans la voie de circulation, mes erreurs et comment les corriger. Tout se passe dans une petite oreillette intégrée à mon casque.

Nous nous rendons ensuite dans des zones à fortes signalisations, généralement en périphéries de grandes villes. Ce sont des zones et des quartiers qui sont également utilisés pour le passage du permis B. Après une belle balade dans ces conditions, il est temps de passer à l'examen blanc qui dure 30 minutes (comme pour le vrai). Pour être tout à fait franc, quand on a l'habitude de la circulation en voiture, mais aussi en scooter 125 cc, qu'on a bien bossé son code moto, c'est presque un jeu d'enfant. Le maniement de la moto n'ayant plus trop de secret après les 4 jours de formation « plateau », je prends un vrai plaisir à évoluer avec cette machine, plus stable, plus puissante et qui freine mieux qu'un scooter 125 cc. Ce qu'il faut avoir en tête en permanence, c'est le contrôle des deux rétroviseurs, non seulement avant les freinages, mais aussi lors des décélérations, car une moto bénéficie d'un frein moteur puissant qui peut donc surprendre les automobilistes qui vous suivent. Enfin, il est temps de passer cette moto à un autre candidat. Mon formateur me donne le « go » pour me présenter aux examens, le secrétariat de la moto-école me propose des dates de passage. Pour le plateau, cela aura d'ailleurs lieu très bientôt. Alors, si d'ici quelques semaines vous tombez sur des essais de motos autour des 400 à 600 cc sur ce site internet, c'est que tout s'est passé…

Si vous aviez des doutes pour passer ce fameux permis A (A2), n'hésitez surtout pas, c'est une expérience vraiment sympa et enrichissante.

*Easy Monneret (fondée par Philippe Monneret, ancien pilote moto au grand palmarès et issu d'une des plus anciennes familles de pilotes moto).

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