Le cœur des femmes en danger...

Les chiffres sont étourdissants : 200 femmes meurent chaque jour en France des suites d’une maladie cardiovasculaire.

13/09/2024
4 minutes

Une réalité qui n'a pas échappé au professeur Claire Mounier-Véhier, cardiologue et médecin vasculaire au CHU de Lille, qui a créé en 2020 le Fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes avec Thierry Drilhon, dirigeant et administrateur d'entreprises, pour mener des actions de prévention et de dépistage à travers toute la France.

Depuis 2021, le Bus du Cœur des Femmes sillonne la France pour sensibiliser les femmes aux risques cardiovasculaires et les dépister. « Le professeur Claire Mounier-Véhier constate chaque jour à travers son métier l'impact des maladies cardiovasculaires sur les femmes, confie Erwan Martin, délégué national d'Agir pour le cœur des femmes. L'idée des Bus est de les sensibiliser, de leur donner des repères, une cartographie de leur état de santé à travers le dépistage, dans un cadre de prévention. »

Prévenir plutôt que guérir reste l'adage du Fonds de dotation à travers une série de tests : tension artérielle, taux de glycémie et de cholestérol, mesure poids, taille, et périmètre abdominal, entretien avec un cardiologue et un gynécologue, qui donnent avis et conseils. « C'est un moment pour elles, rassure Erwan Martin. Le dépistage dure deux heures, c'est un moment d'information, de sensibilisation et de réconfort. »

Aller vers les femmes pour qu'elles retrouvent le parcours de soins

En quatre ans, le Bus du cœur des femmes a dépisté plus de 12 000 femmes en 42 étapes à travers la France : « 90 % d'entre elles présentaient au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire, et près de la moitié cumulaient deux facteurs de risque cardiovasculaire et deux facteurs de risque gynéco-obstétrique, alerte Erwan Martin. Ces données témoignent de l'intérêt de notre action pour que les femmes reprennent leur santé en main et réintègrent un parcours de suivi médical. » Notamment avec l'arrivée de la ménopause : « Les trois quarts des femmes ménopausées (74 %) ne sont pas suivies par un cardiologue, alors qu'elles sont dans la période la plus à risque de leur vie, et moins de la moitié d'entre elles (44 %) ont un suivi gynécologique à jour », s'inquiète Agir pour le cœur des femmes.

Afin d'étendre encore son champ d'action, le Fonds de dotation a lancé en mars dernier La journée du cœur des femmes qui se déploie dans les centres de santé en ville, mais aussi dans les territoires ruraux. « D'ici à cinq ans, nous souhaitons toucher 150 établissements de santé en Métropole et en Outre-Mer pour pouvoir sensibiliser un maximum de femmes », appuie Erwan Martin. Début 2025, Agir pour le cœur des femmes lancera les « Journées du cœur des femmes en entreprise », « en proposant un format spécial pour diffuser l'information et effectuer des repérages sur le lieu de travail qui peut être un lieu de stress », ajoute-t-il.

Un risque réel qui touche toutes les catégories de la population

Parmi les facteurs à risques cardiovasculaires : le stress, l'équilibre alimentaire, la consommation de tabac et/ou d'alcool, la sédentarité, le manque de suivi médical... Agir pour le cœur des femmes rappelle également que les maladies cardiovasculaires ignorent les marqueurs sociaux : « Deux tiers des femmes présentent des facteurs de risques psychosociaux, comme le stress chronique, qui sont des accélérateurs de l'entrée dans la maladie cardiovasculaire. Ces facteurs de risque, les femmes du XXIe siècle les cumulent plus que jamais : l'accroissement de la charge mentale et l'adoption croissante de comportements à risque (sédentarité, mauvaise alimentation, tabac, alcool, contraception contre-indiquée...) réduisent de plus en plus les écarts hommes / femmes en termes de mortalité cardiovasculaire, malheureusement pas dans le bon sens. Toutes les femmes sont concernées par les maladies cardiovasculaires, quels que soient leur catégorie socio-professionnelle ou leur niveau de précarité́. »

Alors qu'une bonne hygiène de vie et un suivi médical régulier permettraient d'éviter 8 décès cardiovasculaires sur 10...

Symptômes infarctus femmes web

Les gestes qui sauvent en cas d'arrêt cardiaque*

  • Alerter les secours (le 15 pour le SAMU, le 18 pour les pompiers ou le 112 pour le numéro d'urgence dans l'ensemble de l'Union européenne) : au téléphone, expliquer la situation brièvement et communiquer le lieu. Rester en ligne avec les secours tout au long de la prise en charge.
  • Oser masser et de façon efficace : en se positionnant au-dessus de la victime, placée sur un plan dur. Les bras doivent toujours être tendus. Poser les paumes de mains l'une sur l'autre, au milieu de la poitrine et exercer des pressions sur la cage thoracique, puis relâcher. Il faut faire 100 pressions par minute (au rythme de Stayn'Alive des Bee Gees). Il n'est absolument pas nécessaire de faire du bouche-à-bouche. Autre élément important : masser un cœur qui bat n'a pas de conséquence. Oser masser peut réellement faire la différence entre la vie et la mort.
  • Utiliser sans crainte le défibrillateur externe : s'il y en a un à proximité, il sera apporté par un autre témoin, en attendant l'arrivée des secours. Une fois le défibrillateur en main, ouvrir le boîtier et allumer l'appareil. Le défibrillateur transmet oralement des instructions : il n'y a qu'à les suivre.
  • Passer le relais aux équipes de secours.
*Merci à l'expertise d'Agir pour le cœur des femmes pour ces précieux conseils

89 % des Françaises à haut risque cardiovasculaire

L'Observatoire national de la santé des femmes (ONSF) confirme un chiffre alarmant : 9 femmes sur 10 présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire : 

  • Leur âge médian : 55 ans, soit durant la ménopause, période où le risque cardiovasculaire augmente considérablement. 
  • Près de la moitié d'entre elles (46 %) cumule deux facteurs de risque gynéco-obstétriques (contraception contre-indiquée, suivi gynécologique inexistant, grossesses tardives...) en plus des facteurs de risque cardiovasculaires, faisant d'elles des femmes à haut risque. 

Aujourd'hui, plus de 13 millions de Françaises ont plus de 55 ans.


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